Communiqués de Presse

Evaluation du besoin constant d’Instruments de Liquidité pour les IPP à la clôture de la 1ère Phase de sa Facilité Régionale de Soutien à la Liquidité (RLSF) par l’ACA.

Obbie Banda, Souscripteur | Coordinateur RLSF par intérim, Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique (ACA)

Le 19 Mai 2022, l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique (ACA) a émis la cinquième police au titre de la Facilité Régionale de Soutien à la Liquidité (RLSF) en appui à la centrale hydroélectrique Nyamwamba II Run-of-the-River de 7,8 MW en Ouganda ; clôturant ainsi la 1ère phase de la RLSF, instrument de liquidité fondé conjointement par l’ACA et la Banque de Développement KfW avec une subvention du Ministère Fédéral Allemand de la Coopération Economique et du Développement (BMZ).

Dans le cadre de la 1ère Phase, les cinq polices de la RLSF ont été émises au profit de projets d’énergie renouvelable au Burundi, au Malawi et en Ouganda, permettant une capacité totale installée de 116,3 MW soit, un financement global de 172,5 millions d’USD. Les projets soutenus au Burundi et au Malawi avec une couverture RLSF étaient les tout premiers projets d’Énergie Solaire Indépendants (IPP) dans ces deux pays – reflétant non seulement l’impact positif de l’installation, mais aussi la nature embryonnaire des marchés de l’électricité à travers l’Afrique subsaharienne, malgré les progrès notables réalisés ces dernières années.

Lancement de la 2ème Phase et restructuration de la RLSF

En février 2022, l’Agence Norvégienne de Coopération au Développement (Norad) s’est engagée à accorder une subvention supplémentaire à l’ACA pour aussi bien le renforcement de la RLSF que du développement d’instruments de garantie supplémentaires destinés à des initiatives similaires du secteur des énergies renouvelables avec des formules de distribution d’énergie renouvelable susceptibles d’être un centre d’intérêt clé à l’avenir. L’adhésion de Norad, aux côtés des partenaires fondateurs – ACA et KfW – renforce davantage la capacité technique du Comité de Pilotage de la RLSF, l’organe qui fournit l’orientation stratégique pour cette initiative.

La subvention de 500 millions de NOK (environ 56 millions d’USD) de Norad servira à renforcer le financement des premières pertes relevant de la RLSF – une caractéristique clé du produit qui fait fonctionner cet instrument unique – le reste du financement étant destiné à l’assistance technique et au financement initial des pertes affecté à des initiatives de garantie similaires. Grâce à ce financement supplémentaire et aux leçons tirées de la négociation et de l’émission des cinq premières polices, la structure du produit a été réorganisée avec l’ACA, prête à émettre des garanties directement aux IPP sans l’implication d’une Banque Émettrice de LC comme ce fut le cas lors de la 1ère Phase.

Ce changement important a été accueilli positivement par diverses parties prenantes, y compris les IPP, les sociétés africaines d’électricité, les prêteurs et les conseillers, car il améliorera considérablement l’efficacité de l’émission de la police et permettra une plus grande flexibilité dans la nature des contrats à conclure, tout en réduisant les coûts.

Importance de la RLSF et des instruments de liquidité similaires

Entre 2013 et 2018, des réformes structurelles ont été entreprises dans le secteur de l’énergie au Malawi, grâce au soutien financier de la Millennium Challenge Corporation (MCC). Les réformes entreprises dans le cadre du Malawi Compact Program à hauteur de 350,7 millions d’USD, ont abouti à l’acquisition de quatre projets d’énergie solaire avec JCM, Phanes et Voltalia, sélectionnés comme soumissionnaires privilégiés. Alors qu’il y avait un appétit accru des investisseurs dans le secteur, associé à des documents de projet bancables mis à la disposition des développeurs, et au soutien notable du gouvernement pour les projets, il manquait une pièce maitresse pour permettre aux projets d’accéder à la clôture financière – une des exigences de la société nationale d’électricité, Electricity Supply Corporation of Malawi Limited (ESCOM), pour garantir la Sécurité du Paiement de l’Acheteur pour chacun des projets.

L’ACA est intervenue au nom d’ESCOM, fournissant une couverture de liquidités d’un montant total de 8,9 millions d’USD pour les projets de Salima, Golomoti et Nkhotakota, réduisant ainsi la charge financière d’ESCOM et offrant aux projets un instrument de liquidité d’une institution financière notée « A » qui permettrait non seulement de garantir la disponibilité de liquidités en cas de retard de paiement, mais aussi, un produit commercialement acceptable qui offrirait un confort supplémentaire aux parties prenantes du projet tels que les prêteurs internationaux.

En l’absence de la RLSF, il conviendrait d’explorer d’autres instruments pour servir de garantie de paiement à l’acheteur – ce qui entraînerait probablement des retards dans le déroulement des projets, une augmentation des coûts et une incertitude quant à la disponibilité des liquidités tout au long de la durée de vie des projets. Les polices de la RLSF émises pour les trois projets étaient d’une durée de 10 ans, une durée beaucoup plus longue que la plupart des instruments commerciaux disponibles pour les IPP dans de nombreux pays africains.

Brève évaluation du marché africain de l’électricité et perspectives d’avenir

La pandémie de Covid-19 a entraîné des retards dans la mise en œuvre des projets, une détérioration de la situation financière de la plupart des compagnies d’électricité et l’introduction de politiques gouvernementales destinées à amortir le coût d’achat de l’électricité pour les utilisateurs finaux, tant au niveau commercial que domestique. Ce tableau a lentement évolué au fur et à mesure que les politiques gouvernementales ont permis aux compagnies d’électricité de retrouver une certaine forme de compétitivité financière et que de nouveaux projets de production d’électricité se sont ajoutés au réseau.

Alors que les tendances sectorielles générales ont été bien documentées, ce qui est devenu plus clair – du moins pour l’ACA – c’est qu’il existe des cycles notables sur le marché africain de l’électricité. La plupart des pays sont soit dans des phases où ils cherchent à se procurer leurs tout premiers projets d’énergie renouvelable (naturellement, les développeurs et les prêteurs chercheront une forme de garantie gouvernementale pour rendre bancables les projets dans ces pays), d’autres cherchent à passer de contrats négociés bilatéralement à des enchères ou tarifs de rachat, et enfin ceux qui ont traversé ces premières phases et sont plus sélectifs sur les projets supplémentaires qui doivent être intégrés compte tenu d’une éventuelle inadéquation entre l’offre et la demande d’électricité actuelle.

La raison pour laquelle la compréhension de chacune de ces phases est importante, en particulier pour les nouveaux arrivants sur le marché, est qu’elle guidera sans aucun doute le type de documentation que chacun des services publics et les gouvernements hôtes mettra à votre disposition et le temps qu’il faudra pour négocier et convenir de la forme de documentation bancable. Bien qu’il puisse sembler injuste d’énumérer des pays dans l’une ou l’autre des deux premières catégories – du moins officiellement – ​​des marchés tels que la Côte d’Ivoire, le Kenya et l’Ouganda s’inscrivent fermement dans la troisième catégorie, la plus avancée, des marchés de l’électricité. Les pays d’Afrique du Nord et l’Afrique du Sud doivent être considérés et évalués isolément étant donné les facteurs uniques auxquels ces pays sont confrontés – des taux d’électrification élevés (en partie en raison de la nature dense des populations Nord-Africaines autour de la Méditerranée au pays le plus industrialisé d’Afrique dont les besoins d’électricité dépassent largement le type d’aménagement et les besoins de ses voisins).

Ce à quoi on peut raisonnablement s’attendre, c’est que les pays qui se trouvent dans la première phase d’attraction des IPP d’énergie renouvelable auront le plus besoin de fournir des garanties de liquidité en plus de toutes les garanties gouvernementales qui traitent des indemnités de résiliation et d’autres risques politiques. Cela est dû à l’absence des antécédents de paiements aux IPP et à la nécessité de la mise en place des conforts supplémentaires pour inciter les investisseurs à considérer ce pays comme une destination d’investissement acceptable par rapport à d’autres options «plus sûres» dans la région. Les pays de la deuxième et de la première phase peuvent encore avoir besoin de mettre ces garanties à disposition. Cependant (et de plus en plus), la plupart des investisseurs ne considèrent plus cela comme une rupture avec un nombre toujours croissant de projets clôturés sans la RLSF ou des alternatives de marché similaires.

Au cœur de l’action

En décembre 2022, il m’a été donné de traverser et de passer quelques temps dans la partie orientale de la Zambie – sur les berges de la rivière Luangwa – en pleine saison des pluies du pays. Ma visite a coïncidé avec l’annonce faite par la compagnie d’électricité du pays – ZESCO – quant à la durée des coupures de courant électrique pouvant aller jusqu’à 6 heures (communément appelées délestages) à partir du 15 décembre 2022, par suite d’une réduction notable du niveau d’eau du barrage de Kariba, le plus grand lac artificiel du monde, dont le réservoir est la principale source d’électricité pour la Zambie et le Zimbabwe (ce dernier ayant annoncé des délestages encore plus longs en raison de la plus grande dépendance de ce pays de l’électricité provenant du lac).

Alors que le niveau d’eau de la rivière Luangwa continuait d’augmenter au fil des jours de pluie – avec des changements quotidiens visibles à l’œil, les rivières saisonnières commençant à couler, et la savane devenant plus verte, tout le monde commença à oublier lentement les mois secs et les défis qui précédèrent cette période d’abondance relative. Une planification similaire, à court terme, a permis l’acquisition de projets de production d’énergie dans de nombreux pays africains. La dépendance vis-à-vis d’immenses barrages hydroélectriques – dont les inconvénients sont immédiatement oubliés lorsque les précipitations sont abondantes – ne s’est pas atténuée, avec un déséquilibre du mix de production qui se poursuivra probablement au-delà de 2023. Si nous voulons progresser et nous éloigner des réactions instinctives face aux faibles niveaux d’eau de nos rivières et de nos lacs, qui entraînent plusieurs heures de délestage, les processus d’approvisionnement doivent être continus, délibérés et efficaces.

La question de savoir si les instruments de liquidité tels que la RLSF continueront à jouer un rôle dans ces achats devrait être reléguée au second plan – le rôle que chacune des parties prenantes (y compris l’ACA !) peut jouer pour soutenir les efforts de production d’énergie durable, associés à des investissements supplémentaires dans l’infrastructure de transmission et de distribution, devrait continuer (ou commencer) à être une véritable priorité.

Alors que l’ACA continue d’élargir son champ d’action en matière de souscription, l’adaptation de la RLSF pour combler les lacunes de financement de l’infrastructure de transmission pourrait être notre prochain grand défi. Assurer la disponibilité de lumières vives et d’une électricité durable pour répondre à la demande croissante dans des régions comme l’Est de la Zambie – que la rivière Luangwa soit pleine ou à sec.

Biographique de l’auteur :

Obbie Banda est un Souscripteur et Coordinateur par intérim de la RLSF à l’Agence pour l’Assurance du Commerce en Afrique (ACA). De nationalité zambienne, Obbie a rejoint l’ACA en juin 2018 et est responsable des initiatives et du portefeuille du secteur des énergies renouvelables de l’ACA.

Hormis la RLSF et l’outil de transparence, Obbie gère également la Facilité Africaine de Garantie de l’Énergie (AEGF), une initiative de la Banque Européenne d’Investissement, de la KfW, de Munich Re et de l’ACA, qui permet à l’ACA d’accéder à un grand pool de capacités de réassurance, offrant ainsi des solutions appropriées d’atténuation des risques et de renforcement du crédit pour faciliter et accroître l’implication du secteur privé dans le secteur énergétique africain.